Histoire d'Internet : La débâcle - épisode 1

Le réseau des réseaux est-il viable à long terme ?

Nous l'utilisons de plus en plus, pour des tas de raisons : surfer sur le web, regarder la télé, télécharger de la musique, consulter nos comptes bancaires, faire nos courses, jouer en ligne, recharger les cartes GPS, lire ce blog, téléphoner, etc.

Le développement de l'internet mobile va encore faire croitre de manière exponentielle nos habitudes d'utilisation et besoins. Mais le réseau Internet tiendra-t-il le coup ?

Comment tout a commencé... et jusqu'où s'arrêtera-t-on ?

Qui a créé Internet ?

Avec près d'1,5 milliard d'utilisateurs aujourd'hui, on oublie ce qu'a été la genèse d'Internet.
Sur la base de travaux du CERN (effectués par des français dans la fin des années 60) sur le principe de l'adresse IP,  Ray Tomlinson  a créé le principe du courrier électronique en 1972 et plus tard, Tim Berners-Lee  mit au point le principe de la navigation grâce au lien hypertexte. Pour les assoiffés de détails, c'est ici

La base du réseau repose toujours sur ces travaux, utilisés tout d'abord sur l'ARPAnet dès 1969 (l'ancêtre de notre Internet) qui sert à relier entre elles certaines universités américaines. À cette époque bénie, seuls des gens responsables utilisaient le protocole TCP/IP , personne n'avait l'idée de transmettre un cheval de Troie ou un spam. De toute façon, tout se savait, il 'y avait que peu d'utilisateurs, pas moyen de faire une bêtise dans son coin sans que tout le monde ne l'apprenne.

Puis, le World Wide Web fut créé ! L'idée venant une fois de plus du CERN. Au TCP/IP furent ajoutés d'autres protocoles, HTTP pour le web, SMTP  pour les mails, FTP pour les transferts de fichiers. Le nombre d'utilisateurs prenant de l'ampleur, est venu s'ajouter le DNS (Domain Name Systeme) en 1983, puis le BGP permettant aux fournisseurs d'accès de trouver le plus court chemin pour transférer leurs données à moindre coût (les sous, toujours les sous...).

En 2008, rien n'a changé...

Enfin...techniquement, rien n'a changé, car l'utilisation massive d'internet en fait un vecteur de choix pour les filous.  Plus de 80% des mails adressés à ce jour sont considérés comme du SPAM, soit environ 120 milliards de mails non sollicités chaque jour ! Il faut dire qu'en utilisant des réseaux de PC zombies (PC d'un particulier infecté ), l'envoi d'un million de SPAM coûte moins de 15 euros, c'est autrement moins cher qu'un mailing par la poste (les sous, toujours une histoire de sous...).

Virus, chevaux de Troie, dialer, et autres joyeusetés tentent donc aujourd'hui chaque jour de s'attaquer à votre ordinateur. Désormais, il n'y a pas que des gens responsables sur le réseau des réseaux, mais toutes sortes d'individus peu scrupuleux, mais ce n'est pas le plus grave.

Durant l'été 2008, les administrateurs de serveurs et les propriétaires de connexion internet (les particuliers) ont reçu une mise à jour importante à faire sur leurs ordinateurs (pour la plupart d'entre vous, une mise à jour au travers du service Windows Update). Cette mise à jour visait à appliquer un patch (un pansement) sur la plus grande faille jamais découverte, visant un rouage de base du réseau, le système DNS.

Le système DNS vise à donner des noms compréhensibles et mémorisables aux adresses IP. Il est en effet plus facile de retenir axenet.fr que 87.252.2.148 non ?

Cette énorme faille permet à un individu mal intentionné de rediriger une adresse IP vers le domaine de son choix. Imaginez-vous donc que vous essayiez de vous connecter à votre banque et que vous vous retrouviez sur un site identique en tout point à celui où vous rentrez habituellement vos login et mot de passe, permettant de faire des virements ! Le hacker n'a plus qu'à enregistrer ceux-ci pour gérer ensuite votre vrai compte bancaire comme bon lui semble puisqu'il en possède les accès.

Le plus gros problème vient du fait que si cette faille est patchouillée aujourd'hui, elle n'est que temporairement sécurisée. Le souci vient du fait que la base du fonctionnement d'internet n'a pas été prévue pour gérer une véritable sécurité (pas nécessaire, entre gens bien). L'addition de « pansements » multiples, pour pallier à ce défaut majeur, fait qu'aujourd'hui, on n'ose plus toucher à ceux du dessous, de peur de bloquer tout le système.

Mais Internet à d'autres lacunes, par exemple, celle du principe des adresses IP.

Notre NET actuel fonctionne principalement avec un système d'adresses IPv4.
En gros, ce système permet d'interconnecter 4 milliards de machines. On estime donc qu'en 2011, on aura tout épuisé. 2011, c'est vraiment bientôt, souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps que nous avons fait une fiesta monumentale pour l'an 2000. Comment, pas vous ?

D'autres solutions ont donc été envisagées avec le système Ipv6.
Et là, c'est la fête, l'adresse est bien plus longue, on passe à 340 282 366 920 938 463 463 374 607 431 768 211 456  adresses disponibles (j'offre un brownie de mon pâtissier préféré à celui qui lit ce chiffre à haute voix, et je vous jure que j'ai un bon pâtissier), disons qu'il est supérieur au nombre d'étoiles de l'univers, soit cent mille milliards de fois le nombre d'étoiles de notre jolie galaxie la Voie lactée. Autant dire que nous avons de la marge, même si à cause d'Internet, nous avons une coupure d'électricité mondiale de 15 jours et que nous faisons tous des bébés au lieu de regarder la Star academy, et que chacun d'entre nous utilise 200 IP. Pour les puristes et les matheux, c'est par ici :

Oui mais …

En fait, ce système existe depuis 1999. Mais il ne tente pas les foules. En fait, il ne résout pas les soucis de qualité des flux et encore moins ceux de sécurité, il y a juste plus d'adresses. De plus, la migration coûte cher. Les ingénieurs et techniciens doivent être formés, et en prime, Ipv4 et Ipv6 ne sont pas totalement compatibles (bein oui, c'est comme le VHS et le Secam, ou le Blue Ray et HDVD). En gros, la transition est aussi facile que de retirer à la main, un moucheron collé au rayon d'une roue d'un vélo qui serait à pleine vitesse en bas du col du Lautaret. Certains comme FREE se sont pourtant lancés dans l'aventure.

Mais alors, on va revenir au papier pour envoyer nos courriers ? Peut-être cela rassurerait-il les employés de LA POSTE craignant la privatisation.
Retournerez-vous payer votre film au magasin de vidéo ?
Attendrons-nous notre relevé de banque à la fin du mois pour constater le montant de notre découvert ?
Enverrons-nous à nouveau à mamie les photos du petit dernier sur papier ?

Les réponses dans le prochain épisode...
Histoire d'Internet :  le retour du pire - épisode 2

(je recevrai un mail quand un article est publié (no spam)

7 thoughts on “Histoire d'Internet : La débâcle - épisode 1

  1. Frederic

    J'ai déjà stressé avec ce premier épisode. Quand je vois que le prochain a pour titre "le retour du pire", j'angoisse d'avance 🙂
    J'espère quand même que la fin de l'histoire sera à l'américaine, avec un happy end !
    Sinon, j'ai appris plein de trucs, mais je ne gagnerai pas le brownie 🙂

  2. Yesnet

    Entièrement vrai ! même si c'est juste une redite romancée des articles de Wikipédia...

    Peut-être dans les prochains épisodes, vous aborderez qu'Internet a été créé pour l'échange de données. Aujourd'hui, c'est devenu un vrai champ de bataille commercial et de pub...

  3. Nik0

    J'ai l'impression que mon premier commentaire n'est pas passé? ou en validation auquel cas celui-ci sera supprimé. Je pense que le billet est un peu alarmiste.

    La réalité, c'est qu'en terme de transport de données, on arrive au 100 Giga: -http://www.convergedigest.com/DWDM/DWDMarticle.asp?ID=26116

    Pour l'IPv6, c'est une lente adoption. Comme d'hab, ça va passer par une intervention des gouvernements si rien ne bouge, en tout cas, ça ne m'étonnerait pas!

    Et pour DNS, certains commencent à scruter DNSSEC pour le déployer à grande échelle. C'est intéressant de voir l'évolution de ce côté la!

    Je ne pense pas qu'Internet va exploser.

    La vraie question étant: qui finance l'évolution des infrastructures opérateurs ? l'abonné seul doit/peut-il supporter le cout?

    Vaste et passionnant débat !

  4. Françoise

    J'avoue que je regrette énormément pour... le brownie !

    Et puis je ne retiens pas mon fou rire en imaginant Free à la chasse au moucheron sur la roue d'un vélo descendant le Lautaret ! 😉

    Un petit flash back puisqu'on est dans l'histoire : demain 9 décembre, le "mulot" aura pile 40 ans ! Merci M. Douglas Engelbart ! Certes, c'était un petit machin en bois carré avec des roulettes ! Il aura fallu une quinzaine d'années pour qu'il s'impose et trouve sa forme actuelle. Mais enfin maintenant le mulot a bien proliféré (1 milliard sur la planète aujourd'hui...), il a perdu son fil à la patte, il a gagné en souplesse et en sensibilité... Que ferait-on sans ce petit animal ?

    Dans "le retour du pire" j'espère que le mulot n'est pas menacé ? 🙁

  5. sylvain Auteur de l’article

    @ Yesnet
    A part ce satané chiffre que je n'arrive pas à prononcer, rien n'est tiré de Wikipédia (je ne vais pas faire ce que je leur reproche). J'ai toutefois mis des liens (nofollow bien sûr) vers la Wiki, dans la mesure ou leur contenu apporte des informations techniques plus poussées.

    @ Françoise
    Merci de rappeler cet anniversaire de la souris. Je savais que Xerox avait dit "Cela ne marchera jamais" (des visionnaires 🙂 ) mais je ne savais pas qui était l'inventeur.
    En parallèle, des ergonomes disent que la souris est sans doute l'outil le plus adapté sur la durée d'utilisation, mais on voit déjà les écrans tactiles pointer le bout du nez pour certaines applications (les femmes de ménage vont être contentes. Ca va être pratique de manger un big Mac en surfant sur le net avec un écran tactile).

  6. Stéphane Bortzmeyer

    Article sensationnaliste et n'apportant guère de contenu, tout à fait
    dans la ligne de Sciences & Vie, en effet.

    Quelques énormités particulièrement grosses :

    « ... on oublie ce qu’a été la genèse d’Internet.
    Sur la base de travaux du CERN (effectués par des français dans la fin
    des années 60) ... » Le CERN ? Sur les réseaux informatiques ? À la
    fin des années 60 ? N'importe quoi. Je vous défie de citer un seul des
    français en question. L'article de Wikipédia que vous indiquez ne
    comporte pas ces erreurs.

    La faille Kaminsky était loin d'être la plus grande faille DNS jamais
    découverte (titre qui revient sans doute à la faille Kashpureff). Mais
    c'est le syndrome journalistique classique : chaque évenement est
    toujours le plus grand du siècle.

    L'article utilise beaucoup de FUD en laissant entendre. Par exemple,
    alors que la faille Kaminsky a été vite résolue par l'aléatoirisation
    du port source (la grande mise à jour de 2008, qui, contrairement à ce
    que raconte l'article, affectait uniquement les serveurs des FAI, en
    aucun cas la machine du particulier), l'article laisse entendre
    qu'elle n'aurait été que « patchouillée ». Si l'auteur est si fort que
    cela en sécurité informatique, il va sans doute nous expliquer comment
    on peut exploiter la faille Kaminsky aujourd'hui ?

  7. Sylvain Auteur de l’article

    Bonjour Stéphane
    Comme précédemment, ma réponse généraliste est ici https://blog.axe-net.fr/histoire-internet-espoir/

    Pour le détail...
    Vous avez sans doute raison puisque les bases de l'hypertexte date de 1945 nous dit wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vannevar_Bush

    L'auteur, (moi même) n'est pas si fort que vous en sécurité informatique, et je suis ravi que vous soyez venu éclairer nos lanternes.

    Concernant le syndrome journalistique, je suis d'accord, c'est sans doute parce que l'humain a la mémoire courte.

    Nous n'abordons pas souvent ce type de sujet sur ce blog (vous l'aurez constaté, ce n'est pas notre spécialité) et si je peux me permettre, je vous contacterai si nous revenons sur ce type de sujet un jour. Vous pourrez alors nous permettre de compléter ou corriger nos erreurs.
    Ne vous sentez pas obligé, je comprendrai tout à fait que vous n'ayez pas le temps.
    Les commentaires de nos articles vous resterons toutefois toujours ouverts et je vous remercie à nouveau pour votre intervention.

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