Le « Prestataire 2020 »… à l’aune du numérique !

prestataire
J’ai réinvité Françoise Halper. Elle s’interroge aujourd’hui sur le rôle du prestataire, notamment dans nos métiers de conseil et de services numériques. Une fois encore, elle pose des questions qui « agitent » ! Je lui laisse le clavier…

Le numérique redessine le prestataire parfait !

Beaucoup s’interrogent sur l’évolution des modes de travail, à l’exemple du CIGREF qui vient de publier un livrable sur « le collaborateur 2020 ». Cette étude repose sur le constat que disposer des talents et compétences est plus que jamais un enjeu majeur pour l’entreprise et pour l’économie en général. Pour ma part, j’ajouterai modestement que si le numérique et ses métiers revisitent à coup sûr le profil du collaborateur idéal, quid de celui du « prestataire parfait » ? Pour trouver le, les maillon(s) forts de l’entreprise, il n’existe pas qu’une seule piste… Ce n’est sans doute pas Axenet, prestataire SEO reconnu, qui m’invite ici de nouveau qui me contredira !

Pour autant, mon propos n’est pas de débattre du choix entre ressources humaines internes ou externes à l’entreprise. Ce choix appartient aux dirigeants et il existe sans doute autant de contextes et de critères permettant d’argumenter l’un ou l’autre ! Je vais également sérier le sujet au seul domaine qui est le mien : « conseiller et accompagner la stratégie de communication numérique » d’une organisation, d’une marque. Mais j’imagine que cet exemple peut s’appliquer à d’autres secteurs que celui de la communication numérique.

Dans ce domaine, bien qu’étant aux manettes depuis quelques années déjà (si vous insistez, disons… presque depuis que le web est web !) je n’ai qu’une seule certitude que je soulignerai d’un paradoxe. La certitude est que le numérique ¹ est exigeant… Très exigeant !
Le paradoxe est que cette exigence avance masquée ! Je m’explique : bien qu’offrant une apparence de simplicité d’usage, raison de son adoption massive et galopante, désormais la moindre erreur peut s’avérer contreproductive, voire disqualifiante pour l’entreprise ou la marque !

Sans oser une métaphore jusqu’à dire que le numérique peut être « un terrain miné », mieux vaut aujourd’hui s’y aventurer avec une bonne maitrise de ses codes, de ses rites et ses pratiques. Il a en effet dépassé le stade d’une « préadolescence expérimentale » ouverte à quelques fantaisies (dont certains ne se sont pas privés notamment en référencement !…), pour s’installer dans une certaine maturité, et développer ces exigences muries à l’aune de son hégémonie galopante !

Si « l’existence numérique » (tous secteurs confondus mais particulièrement en matière de communication) impose désormais cette maitrise et un pilotage les yeux rivés sur le paysage qui défile, pour coller au terrain, éviter ses pièges, prendre les bonnes directions… elle force aussi et surtout à une réinvention permanente. Or, une telle latitude reste parfois difficile à trouver au sein d’organisations structurellement et/ou culturellement peu ou mal entrainées à ce type d’exercice. Recourir au prestataire reste alors la meilleure option !

Prester pour « Optimiser l’influence numérique » de l’entreprise !

Il est temps de lever un coin de voile sur l’exercice de mon métier, lorsque le dirigeant a fait le choix de l’externaliser… Pour expliquer la « lettre de mission » qui m’est confiée ceux qui ont déjà découvert ici une partie de mon métier ² ne s’étonneront pas de me voir faire un petit détour sémiologique ! Et ce n’est pas ici, chez un « artiste SEO », que l’on me contestera le sens des mots ! Je vous rassure, l’escapade ne sera pas très longue : trois mots seulement « optimiser l’influence numérique » :

  • Optimiser… Si les mots ont un sens, j’aime beaucoup celui-ci, peut-être parce qu’il est à ciel ouvert, sans limite. Quel que soit le résultat obtenu, il permet de regarder plus haut, plus loin !!
  • Influence… Autre vocable sans contour, entendu comme un halo luminescent (pourvu qu’il soit nourri d’intégrité) dont l’intérêt est qu’il force le regard !
  • Numérique… Quant à ces neuf lettres ainsi assemblées, elles portent à elles seules, dans l’imaginaire collectif, un univers, une révolution, presque une philosophie, en tout cas une culture !

Après ce petit détour sémiologique, vous comprenez qu’il est peu dire que je suis fière d’exercer un métier et d’arborer une lettre de mission portée par ces mots-là ! Cette fierté explique (peut-être) une certaine conception de ma façon de l’exercer.

Prestataire et prestataire… deux moteurs !

Peut-être est-ce dans tous les domaines, mais en tout cas dans celui du conseil, il existe à mon sens deux prestataires : celui qui pense « facture » et celui qui pense « objectif ».

Je ne vais certainement pas jeter la pierre à celui qui pense facture. D’une part ce ne serait pas à moi de le faire, d’autant moins s’il parvient à satisfaire son seul juge : le client. D’autre part, l’hypocrisie n’est pas un art que je pratique. J’aurais donc du mal à prétendre que la facture n’est pas importante dans une vie de prestataire, alors même que nous avons tous des frigos boulimiques et des banquiers susceptibles !

Grâce (ou à cause…) du sens que je donne à mon métier, j’ai choisi de penser objectif. Certes, la marche est un peu plus haute ! Elle oblige à dépasser de façon significative le niveau reptilien qui commandite nos comportements primitifs, alimentaires… A franchir également le niveau piloté par notre cerveau limbique (centre émotionnel qui distille les peurs), pour s’engager dans la voie gérée par le néo-cortex, autrement dit celle qui permet l’analyse, l’expression, l’abstraction, l’anticipation…

Petit exercice de profilage du prestataire 2020…

Certes, grimper ainsi à ce troisième niveau ³, oblige à dompter le vertige, épiphénomène parfois lié à l’altitude intellectuelle (je n’ai pas dit égotisme, mais j’avoue l’avoir pensé… un peu ! ;-)). Parce que rester « au contact » de nos clients, nos interlocuteurs, nos partenaires, nos pairs… est un prérequis incontournable pour prester valablement sur le territoire numérique !

Plus encore, l’humilité s’impose face à ce monde mutant où les certitudes s’effacent aussi vite que les traces de pas sur le sable mouillé ! Le prestataire 2020 (j’entends par là celui qui veut pouvoir exercer encore en 2020…) doit accepter de frotter son expertise à cette accélération exponentielle des usages et ressorts stratégiques, qui changent la donne en permanence. Par exemple, ce n’est pas à vous, fidèles lecteurs d’Axenet, que j’apprendrai l’impact de l’évolution algorithmique chez Google… Ce GAFA change une virgule ici ou là dans ses algos et la communauté SEO phosphore, tremble, subit, adapte…

De même, à tous les niveaux de la stratégie numérique, c’est en temps réel qu’il faut être en mesure de distinguer les signaux faibles permettant la perception fine, l’anticipation, la réactivité. Si cette écoute, cette veille permanente, est un ressort stratégique essentiel, elle force le prestataire conseil (qui pense objectif) à un autre dilemme…

Dire ou ne pas dire, le dilemme du prestataire !

Même si l’entreprise cliente entend le bourdonnement médiatique de la « transformation numérique », elle y sera légitimement plus attentive à travers son cœur de métier. Elle n’a pas vocation à mettre en perspective cette mutation avec les ressorts de sa communication qui restent souvent ancrés dans des stéréotypes ante-numérique !

Comment le prestataire (qui pense objectif) doit-il gérer ce décalage entre ce que lui révèle son expérience, sa veille, son analyse… lorsque le client projette ou conceptualise encore certaines démarches ou actions, avec à l’esprit le murmure des stéréotypes du monde d’avant ? Doit-il se résoudre à pousser le client hors de cette zone de confort qu’offrent l’habitude et les vieux repères ? Doit-il oser dire à son client, à ses équipes, ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre ? Même si c’est au motif louable de garder le cap de son influence, de préserver son image, de lui éviter des erreurs parfois disqualifiantes ?

Vous l’aurez compris, j’ai fait ce choix, en conscience ! Pour autant, je ne suis pas plus masochiste que ne le sont généralement les clients ;-), je tiens à eux ! La plupart le méritent.
Devoir les bousculer n’est pas un art de vivre… C’est juste que ne pas le faire serait, selon moi, une faute professionnelle ! Néanmoins, s’il veut  s’imposer s’autoriser à aller ainsi au bout de sa mission de conseil, il me semble que le prestataire 2020 doit relever le défi permanent de remise en cause personnelle que distille le numérique…

Quand talents et compétences sont un enjeu économique… conseiller, accompagner l’entreprise est un challenge !

Françoise Halper est sur Twitter @FrHalper et sur LinkedIn

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¹ Par « le numérique », entendons le sens commun qui est donné généralement à nos usages des outils et objets entrés dans notre quotidien pour communiquer, échanger, partager… Ce terme fait parfois bondir les puristes (à juste titre), mais il a le mérite d’être compris de tous.

² Mercenaire de l’écriture web

³ Matérialisé par la Pyramide de Maslow

(je recevrai un mail quand un article est publié (no spam)

1 thoughts on “Le « Prestataire 2020 »… à l’aune du numérique !

  1. Julien

    Quel prestataire ne s'est pas plus d'une fois demandé si toutes les vérités étaient bonnes à dire à un client ?
    Après, il y a heureusement des fois oú on peut trouver un compromis.
    La facture, le frigo, les salaires... c'est des arguments... mais c'est pas forcément en laissant le client aller dans le mur qu'on y pense.

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