Publier ou ne pas publier...

cerveau

Hier soir, j'étais comme vous sans doute, scotché devant la télé et sur Twitter à suivre les événements qui ont endeuillés des centaines de familles.

J'ai été intellectuellement dérangé au milieu des tweets d'angoisse ou d'entraide, par les publications sponsorisés programmées qui vantaient la douceur des hôtels parisiens. Dérangé par les tweets futiles, eux aussi programmés, vantant le meilleur moyen de rédiger un titre ou d'augmenter son panier moyen.

Au cœur de l'horreur humaine, ce mercantilisme faisait tâche, je le trouvais vraiment choquant.
Ce samedi, j'ai l'impression que les CM ont réagis, ils ont coupé les pattes de leurs robots de publication, Je trouve cette attitude respectueuse, merci à eux.

Dans ma timeline Twitter aujourd'hui, je suis surtout sensibilisé par les messages de recherche et j'imagine l'angoisse de ceux qui avaient un proche au Bataclan hier soir et qui sont encore sans nouvelles, de ceux qui avait un ami, une sœur, un fils, dans les quartiers où ont éclaté les fusillades, où ont explosé des bombes.

J'entends des politiques, des journalistes me parler de guerre. Je lis des analyses, des éditos qui font se bousculer mes idées. Je vois des photos, des vidéos d'horreur qui me perturbent.

Vous vous en doutez sans doute, je planifie moi aussi mes articles du dimanche. Nous sommes samedi et je me pose la question, je bloque ma publication de demain ou je la maintient ?

Je trouve tellement futile mon petit coup de gueule professionnel à venir en regard de ce que vivent certains aujourd'hui, je trouve tellement décalées les problématiques de référencement en comparaison des événements qui ont eu lieu et de leurs conséquences...

Je ne vais pas vous faire une diatribe sur mes opinions, ça serait trop long et ce n'est pas l'endroit. Je résumerai simplement pour dire que ceux qui conditionnent les jeunes âmes perdues qui commettent ces actions monstrueuses n'ont pour objectifs que la division, la prise de pouvoir, l'enrichissement personnel, l'affaiblissement des connaissances (la religion n'a rien à voir là-dedans, ce n'est qu'un prétexte).

Quand j'ai créé mon blog (et encore aujourd'hui), mes valeurs étaient l'exact contraire : le partage, l'échange, la diffusion de la connaissance.

J'ai donc deux sentiments contradictoires :

  • Je respecte le deuil des familles et je me fais tout petit en décalant la publication de mon article à la semaine prochaine.
  • Je reste fidèle à mes valeurs de partage, je publie demain et j'emmerde les commanditaires de ces attentats, j'emmerde tous ceux qui véhiculent des idées visant à diviser, j'emmerde tous ceux qui souhaitent mettre un voile intellectuel sur le libre arbitre, j'emmerde tous ceux qui souhaitent limiter la diffusion de la connaissance pour leur profit personnel.

La vie est comme le référencement, une histoire de compromis...

Je vais donc décaler la publication de mon article à mercredi pour respecter les 3 jours de deuil national instaurés par une république dont je soutiens fermement les valeurs.

Mais je continue à emmerder de tout mon être et de toutes mes forces les légions d'abrutis de tous bords et leurs têtes pensantes pour ce qu'ils ont fait ou feront pour briser la diffusion des idées et pratiquer l'obscurantisme..

Et bien évidemment, surtout, je compatis à la douleur et aux angoisses des personnes directement impliquées par les attentats. Désolé, je suis sec, je ne vois pas quels mots utiliser, sachez simplement que des millions de gens sont tristes pour vous aujourd'hui.

(je recevrai un mail quand un article est publié (no spam)

19 thoughts on “Publier ou ne pas publier...

  1. L.Jee

    Salut Sylvain,
    Il est effectivement difficile aujourd'hui de savoir quoi faire, d'autant plus dans certains domaines. Doit-on continuer à publier et bosser comme si de rien n'était, doit-on tout laisser en plan ? Pas simple, d'autant que si on publie sur ce qu'il s'est passé, par exemple sur les réseaux sociaux d'un site de divertissement, on nous demande au contraire de publier autre chose. Que faire à partir de là, rien ou écouter les demandes et balancer de l'humour, du cute et compagnie... Pour ma part, je ne fais rien pour le moment, mais je me pose beaucoup de questions.

  2. Sylvain Auteur de l’article

    @ L.Jee
    Bien d'accord avec toi. Difficile de mettre ses idées en ordre ce matin. Difficile de choisir entre émotion et professionnalisme.
    Sur Twitter par exemple, j'ai pour règle de ne quasiment jamais sortir de ma ligne éditoriale.
    Pourtant, hier au soir, je me disais que mon nombre de followers pouvait sans doute aider à diffuser certaines informations utiles qui pouvaient aider d'une manière ou d'une autre. A situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle.

    Pour de la publication ce n'est pas facile non plus. Mais en même temps, tout ce que je vois me donne une irrépressible envie de communiquer. J'ai donc pris un biais professionnel qui est celui de la communication qui m'a parfois choqué hier sur les réseaux sociaux, pour rebondir et exprimer mon sentiment.

    Bref, nos petites problématiques business ne sont pas simples à exprimer dans le contexte plus général de ce week-end.

  3. Cynthia Castelletti

    Salut Sylvain,
    Excellente question que nous sommes probablement nombreux à nous poser.
    Je pense qu'on doit continuer à vivre et surtout à se battre en évitant à tout prix de s'enfermer dans la peur et l'auto-censure.
    Je suis profondément touchée moi aussi, comme toi et comme beaucoup d'autres personnes. Néanmoins, ça ne rendra service à personne de garder le silence. Ça ne fera malheureusement pas non plus revenir les pauvres gens qui ont perdu la vie si tragiquement... Ça n'allègera pas non plus les peines de ceux qui respirent encore mais qui ont perdu des êtres chers...
    Je me dis aussi qu'il y a un bon gros paquet de cons comme avec l'exemple de @RudyViard qui s'est fait démonter à cause de ses posts automatisés qu'il n'a pas pu désactiver alors qu'il était coincé dans un bar pendant tout ce bordel...
    Je veux dire par là qu'il y aura toujours des ignorants qui ont la parole plus facile que la réflexion et qui continueront de juger et de pointer du doigt ce qui leur semblera inadmissible d'après un ou deux arguments vaseux.
    Ne sois pas désolé d'être sec, au contraire!
    Respecter le deuil national semble être le plus juste et approprié mais je refuse de tendre ma joue pour que de tels barbares continuent de me donner des baffes en se croyant maîtres du monde.
    Changer nos "habitudes" et nos modes de vie serait leur donner raison et c'est bien ce que nous refusons, pas vrai?

  4. Sylvain Auteur de l’article

    @ Cynthia
    C'est exactement le dilemme.
    Continuer à faire et vivre comme d'hab, pour montrer que la barbarie ne nous fera pas changer nos valeurs.
    Mais en même temps, respecter les souffrances engendrées par une telle situation.

    Et puis entre nous, personne ne va rater sa vie en ne lisant mon article que mercredi au lieu de demain...

  5. Fred

    Bonjour Sylvain,
    Tout comme toi, j'ai suivi cela via Twitter, je me suis fait la même remarque par rapport aux tweets programmés, mais on ne peut leur en vouloir, qui aurait pu prévoir ceci ...
    Aujourd'hui je suis abasourdi, le moral n'y est pas, difficile de savoir quoi faire, l'heure est au recueillement, au questionnement, et effectivement, comme tu l'écris si bien, ils sont loin nos problèmes de référencement.

  6. Noel Nguessan

    Merci pour ce post. Ce matin, je me suis posé la même question que toi.
    Et face à cette horreur, je n'avais pas le cœur à parler de news SEO ni sur Arobasenet, ni sur Twitter, ni sur Google+.
    C'est pourquoi je respecterai les 3 jours de deuil national.

  7. Cynthia Castelletti

    @Sylvain
    Oui, je comprends bien mais je parle au-delà de la publication ou de la lecture d'un article. Continuer à exercer ta profession et à t'exprimer, ce n'est pas un manque de respect et je pense qu'il ne faut pas tout mélanger. D'ailleurs, ce deuil est probablement la meilleure réponse à ce dilemme: faire une pause pendant ces 3 jours et reprendre les activités ensuite. Ça ne signifie en rien qu'on oublie ni qu'on manque de respect.

    Continuer à travailler et à s'exprimer n'est pas un manque de respect, loin de là, et ça ne fait pas de toi un monstre. Je n'ai simplement pas envie que nous donnions raison à des barbares en arrêtant tout à cause d'eux. Vivre ne sera jamais un manque de respect envers quiconque, c'est probablement la meilleure façon de respecter ceux qui ne vivent plus aujourd'hui.

    Finalement, tout ça, ce ne sont que des mots mais voilà ce que je pense. (Je suis triste et en colère alors en me relisant dans quelques heures/jours, j'aurai peut-être encore à dire...)

  8. L.Jee

    A coté de ça quand je regarde mes stats, certains gueulent, mais d'autres continuent à vivre.. Actuellement je vois passer des requêtes comme, "fête forraine", "Salon des vins", "Concours de belote" etc. Pour autant, je me vois mal balancer un tweet ou un statut pour parler de la fête qui se tient à tel endroit.

  9. Samuel

    Bonjour Sylvain,

    Il n'y a sans doute pas de mots, et encore moins de bons mots ... cela sort des tripes et on a tous envie chacun à sa manière de crier, gueuler être sec ou pas ..... chacun avec ses mots .... ne soit pas désolé d'être sec car il n'y a pas de mots assez dur et fort pour décrire ce qui se passe .... et souvent la sidération prend le dessus car c'est sidérant ... Après il faut trouver les mots pour expliquer cela aux enfants ...
    Il y a malheureusement aussi des ordures qui surfent sur cette "actualité" à l'image du tweet de G. Collard hier soir ou du dangereux M.Kassovitz qui devrait réfléchir 1000 fois avant de tweeter des mots aussi puant que cela ....
    J'ai quelqu un de proche dans ma famille, ma cousine qui était très proche avec ses amis et qui va souvent au resto de la première fusillade et j'ai eu peur ... et l avoir au tél au moment de l’événement met tout de suite les pieds dans la réalité ...
    J'ai eu ce matin des messages de 2 potes qui est étaient aussi ..... y a pas de mots ... de l’effroi ... puis désormais de la colère .....
    Je ne m’étendrais pas sur mes opinions et tout ce qui remue mes tripes aujourd'hui et qui fait écho et résonance avec tant de choses en ce qui me concerne mais le plus gerbant c'est que certains continueront le jeux de la division à des fins tout aussi pourries les unes que les autres et à entretenir ces divisions, un terrain fertile de la propagation de cette mouvance sectaire barbare...

  10. Fhr

    Sylvain, ça soulage un peu de lire ici ce que je rumine depuis l'aube (hier soir j'étais en mode "désintox numérique"...).
    Donner "la voix au silence" pendant ces 3 jours de deuil national me semble être doublement un bon compromis.

    Déjà par respect pour la souffrance des victimes, de leurs proches, et de nous tous finalement qui sommes frappés au coeur de nos valeurs !

    Et puis pour ne pas "encombrer" les esprits. Le recul est nécessaire à la résilience citoyenne collective qui doit pouvoir s'installer afin d'éviter d'agir et de réagir à chaud, dans le bouillonnement !

    Mais pas question en effet de concéder ce que de tels actes voudraient nous contraindre à faire et à penser !!!!
    Notre meilleure réponse à cette barbarie sans nom est de rester actifs, opérationnels, dynamiques... Question de principe. Et manquerait plus qu'on affaiblisse nous-mêmes notre économie en plus de ça...

  11. Mitsu

    Bonjour Sylvain et heureux de voir que tu es ok,

    On a tous été bouleversés par les attaques d'hier soir.

    Concernant la question qu'on se pose tous : est-ce que je peux publier est-ce que je peux faire telle ou telle chose, est ce que ça ne serait pas ignorer ce qui s'est passé. Aussi, on peut se demander est-ce qu'au contraire il faut continuer d'avancer par principe.

    Après réflexions je me dis que ces interrogations sont très futiles, en effet aucune bonne réponse existe, c'est un petit comme quand on perd un proche, à chacun sa manière de faire son deuil et aux autres de la respecter dès lorsqu'on sait qu'aucune mauvaise intention s'y cache.

  12. Atuana

    Bonsoir,
    Merci Sylvain, tu as tout dit je pense, y compris ceux qui le pense tout bas. Personnellement je suis entièrement d'accord avec tes propos. Perso j'ai aussi freiner mes publications, dégoutée aussi par tous ces événements, par les réactions de certaines personnes peu respectueuses envers la douleur des familles. Bref il y aurait tellement de choses à dire, mais à quoi bon, tant que les peuples partout dans le monde ne partageant pas les valeurs fondamentales de l'art de vivre.

  13. Greg

    Hello Sylvain,

    Mes propos sont à quelque part tellement contradictoire, mais je pense que t'as fait les bons choix. Dans des situations aussi exceptionnelles, le silence et la non publication d'articles non-vitaux est le comportement qui est le plus en phase avec les valeurs que tu défends. Ne pas publier, c'est ne pas encombrer inutilement les outils de communication, c'est donc les laisser pour que le partage, l'échange, la diffusion de la connaissance et de l'information se fassent plus facilement pour des choses qui comptaient vraiment à ce moment précis. On sait quand les atrocités commencent, mais dans le feu de l'action, on ne sait pas quand elles se terminent.

    Quand à l'une de tes réponses où tu évoques l'utilisation de ton compte professionnel et de ta ligne éditoriale, ça n'a aucune espèce d'importance. J'irais même beaucoup plus loin. Retwitter des messages qui peuvent permettre à certains de se mettre en sécurité ou d'avoir des pistes sur l'état de santés de leurs proches c'est... ben j'ai pas de mot. Avec autant de followers faut pas se poser de question, faut relayer (c'est mon avis). C'est complètement improbable, mais au pire il y a quelques désabonnements. Et au mieux, y a des gens qui trouvent refuges.

    En tout cas, maintenant je me questionne. Voir des gens trouver refuge en quelques minutes grâce aux réseaux sociaux, voir des familles obtenir des informations sur des proches alors que c'est le chaos... c'est juste inouïe la puissance de ces outils ! On ne parle plus de business, mais de vies. Par principe, pour le business, j'évite de trop m'afficher sur les réseaux sociaux (le but étant de passer sous les radars de Google et les étiquettes qu'il pourrait m'attribuer)... Et depuis vendredi 22h30, je me dis que mes motifs/raisons sont juste "lamentable/minable/pathétique/immonde". Là, à 800km, sans compte virtuel influant, pour des raisons débiles, j'étais (et suis encore) totalement frustré de ne pas avoir contribué.

    Bref, ça reste l'avis d'un frustré, mais n'aies aucun regret et ne te questionne pas dans des situations aussi tragique, retwitte, retwitte, retwitte !

  14. Sylvain Auteur de l’article

    @ Greg
    Ouais. Même si ça n'a aidé qu'une personne a trouver une ligne de metro ouverte et à rentrer chez lui, je me dis que c'est déjà ça. Et franchement, les unfollow dans ce cas, je m'en fous royalement. Je dirais même que je ne veux pas que ces gens là me suivent.

    Je me mets à ta place, c'est vrai que l'on relativise sacrément dans ces situations.

  15. Stéphane

    Bonjour Sylvain,

    Les événements se sont déroulés il y a maintenant plusieurs jours, et je commence seulement à reprendre mes esprits. Je partage tout à fait ton analyse de la situation sur les publications programmées. Cette promotion automatisée du business est choquante dans ce contexte précis. Tout le monde est préocuppé par quelque chose de plus important : l'avenir de l'humanité. En tant que CM, j'ai bloqué toutes mes publications dès le vendredi soir. Surtout, que j'avais programmé des publications en lien avec la journée de la gentillesse. Oui, c'était le 13 novembre...

    Pour en revenir à ton article, la question que tu poses est : quand puis-je reprendre la parole ? C'est une question difficile à laquelle aucune "bonne" réponse existe à mon avis. Ne pas stopper les publications est choquant. Les reprendre trop tôt aussi. Mais c'est quand trop tôt ? Pas simple à déterminer. Pour ma part, j'ai stoppé toutes les publications jusqu'à aujourd'hui. Car j'estime que mes posts n'avaient pas un intérêt majeur dans le contexte. Et tant pis pour le trafic perdu, ce n'est vraiment pas le plus important !

    Bonne journée et à bientôt.

  16. Olivier CLEMENCE

    Bonjour Sylvain,
    moi aussi j'ai eu le même sentiment de futilité au regard de mon business et des articles que je pouvais poster sur mon blog. J'ai repris mon article plusieurs fois cette semaine sans jamais avoir le courage de le terminer et d'avancer sérieusement dessus me disant que ça ne changerai pas la face du monde. Malgré tout, je penses aussi qu'il faut être capable de continuer et d'avancer sans quoi c'est "abrutis" auront réussi leur coup...

    Pour ce qui est de la publication programmé sur twitter et autre... malheureusement je me suis aperçu avec horreur que j'avais complètement oublié que j'avais des tweet qui serait diffusé pendant le week-end... Lorsque je m'en suis rendu compte le lundi il était trop tard le mal était fait !

  17. Mme Puffin

    Salut,

    Tu as pris une décision sage : respecter les jours de deuil et la douleur des proches des victimes, et continuer sur ta lancée pour dire un gros merde à ces lâches.

    Continuer à vivre, les ignorer, voilà ce qu'on peut faire de mieux! Et de toute façon, ils ont déjà perdu, Le Bataclan sera full quand ils vont ré-ouvrir!

    J'ai écrit moi aussi un article sur mon blog à ce sujet, je suis en Islande car j'ai décidé de ne plus vivre en France (notamment à cause de ça) et ça peut peut être vous intéressé pour voir comme les gens ont réagis en Islande et comme aussi nous nous avons réagis en tant que famille avec 3 jeunes enfants :

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