C’est Ève Demange que j’accueille aujourd’hui pour un article que j’aurais aimé écrire. </mode jaloux 🙂 >
Dans un article précédent, Sylvain posait la question de la longueur idéale d’un article. Combien de mots faut-il écrire ? Voilà une question qui a hanté mes nuits de conceptrice rédactrice web durant un moment. À la réponse – très complète – de Sylvain, j’aimerais ajouter quelques remarques issues de ma propre expérience.
Où se trouve la page dans l’arborescence du site ?
C’est une question essentielle que je me pose toujours implicitement avant de concevoir mon texte. De la position d’un texte dans le site Internet va dépendre son rôle. Et de son rôle va dépendre la taille. Je m’explique : les textes d’une page d’accueil ne ressembleront pas aux textes d’un article, qui ne ressembleront pas eux-mêmes aux textes d’une page produit.
La page d’accueil
Les textes d’une page d’accueil remplissent plusieurs fonctions essentielles :
- Renseigner l’internaute sur l’identité de la marque et la mission de l’entreprise
- Rediriger l’internaute vers les pages stratégiques du site
- Faciliter l’accès à l’information, donner à voir la profondeur du site et lancer la navigation
Motivations de l’internaute :
Trouver la bonne info rapidement. C’est une page de recherche.
Taille des textes :
On va écrire des textes courts, des accroches, une baseline, soigner les intitulés, les titres, peser ses mots. Cette page est le cauchemar de tout rédacteur web qui se respecte. On peut passer des jours à élaborer le storytelling d’une page d’accueil et à l’incarner dans quelques mots.
Les pages N-1, page d’accueil secondaire, ou sous-catégorie e-commerce
Le rôle d’une page d’accueil secondaire est le suivant :
- Positionner l’entreprise sur ce secteur, sur cet univers sémantique
- Donner à voir les pages les plus importantes de la catégorie, les best-sellers
- Faciliter l’accès aux produits ou aux articles
Motivations de l’internaute :
Là encore, l’internaute ne s’arrête pas pour lire. Il est toujours dans sa quête de la bonne information. C’est encore une page de recherche. Note : en e-commerce, à ce stade, le prospect n’est pas encore prêt à acheter. Il réfléchit. On va donc le guider.
Taille des textes :
Les textes sont courts, mais plus longs et plus précis que les textes de la page d’accueil. On va commencer à explorer un champ sémantique cohérent. Là, le rédacteur commence à respirer. Il peut dérouler sa pensée dans des phrases sujet-verbe-complément. Évidemment, structure à la Proust avec XX propositions subordonnées relatives = totalement déconseillée.
Page N-2, fiches produit, action stratégique
À quoi sert une fiche produit ?
- Renseigner l’internaute
- Le rassurer
- L’emmener vers l’achat
Motivations de l’internaute :
il n’est pas là pour enfiler des perles, mais pour comprendre rapidement si le produit répond à son besoin. Note : là, l’internaute commence à palper son portefeuille. Il se demande s’il va sortir sa carte bleue ou pas sur ce site. On va lever tous les freins à l’achat grâce aux informations de réassurance.
Taille des textes :
Il faut donner des informations exhaustives et structurer la page au maximum pour en optimiser la lisibilité. La conception des textes d’une fiche produit demande un gabarit très étudié afin de permettre la digestion d’un grand nombre d’informations, le plus rapidement possible. Entre une fiche produit de 300 mots « qui a l’air d’avoir la bonne longueur de texte » et une fiche produit de 300 mots efficace, il peut y avoir une grande différence que ne manqueront pas de remarquer les internautes, et donc Google.
La structure d’une fiche produit me paraît ici un point crucial, plus important que la longueur des textes.
Par ailleurs, si tous vos concurrents proposent des textes de 150 mots maxi, peut-être n’avez-vous pas besoin de « tirer » la rédaction pour faire 300 mots à tout prix (!) avec à la clef un texte insipide, mauvais et délayé.
Page N-2, article, infographie, information
Quel rôle remplit ce texte ?
- Donner une information
- Fidéliser le lecteur
- Lui permettre de poursuivre sa lecture sur d’autres pages
Motivations de l’internaute :
Là, je rejoins totalement la vision de Sylvain : la longueur d'un contenu doit dépendre avant tout du besoin exprimé dans la requête. Mais d’autres paramètres entrent en compte pour définir le bon format, comme le profil du lectorat visé ou la mission du média, par exemple.
Article court : le lecteur veut savoir
Si l’internaute vient chercher une information précise, on va lui donner un article de 1000 à 1500 signes ou une brève de 650 signes avec l’essentiel de l’info. Parfois un tweet, une phrase, une adresse, un plan ou quelques images suffisent et Google donne la réponse à votre place avec le knowledge graph.
Sur un site de finance, pas la peine de couper les cheveux en quatre pour raconter que la bourse se casse la figure. Même chose sur un site d’actu. Il faut répondre aux 5 questions de base qui, quoi, où, quand, pourquoi, le plus rapidement possible.
De la même manière, si l’internaute vient chercher des informations sur un site corporate comme le nom du directeur ou le chiffre d’affaires, on va lui délivrer rapidement l’information qu’il recherche.
Article long : le lecteur veut comprendre, le lecteur est accro
Si le lecteur est passionné, ou expert, alors on va lui proposer un texte fouillé avec des termes complexes voire abscons, comme SEO, UX, content marketing ou knowledge graph 😉
Pour ce type de lecteur, la longueur n’est absolument pas un problème. Il va non seulement lire la totalité de l’article, mais aussi la totalité des commentaires et passer une heure à répondre, voire même à parlementer sur la définition d’un mot. On peut même faire des phrases à la Proust ici, sans problème.
Pour le lecteur accroché par une histoire, c’est la même chose. Le New York Times a initié des articles aux formats très longs comme « Snow Fall » qui cartonnent. On peut faire la même remarque à propos des posts sur Facebook. Certains posts, comme ceux de Brandon Stanton, Humans of New York sont très longs. Et pourtant ils sont très lus et très commentés. Le storytelling embarque les internautes. Les lecteurs « aiment les histoires », comme l’écrit le journaliste Ignacio Ramonet dans son livre L’explosion du journalisme « même sur écran, les internautes exigent de plus en plus de vrais récits de qualité, longs, rythmés, documentés, haletants. ».
Image : l’internaute veut comprendre rapidement une info compliquée
Parfois, l’information ne tient pas dans les mots. Elle sera mieux comprise si elle est traitée dans une bonne infographie claire ou dans une photo. Et ça, Google aime bien.
Vidéo : la même règle s’applique aux vidéos.
On peut montrer une vidéo très longue à un internaute s’il est venu pour la regarder (replay, tutoriel, MOOC). Mais imposer une vidéo à l’internaute, même courte, avant une page d’accueil par exemple est particulièrement contreproductif. La bonne vidéo n’est pas longue ou courte. Elle renseigne bien l’internaute au moment où il le souhaite.
Pour conclure
Pour définir la bonne longueur d’un texte, il me paraît donc essentiel de bien comprendre la structure du site Internet dans son ensemble et le rôle de chaque page dans le processus d’information de l’internaute.
Au final, il s’agit de délivrer la bonne information au bon moment, afin de faciliter la navigation de l’utilisateur et de lui donner accès à l’information qu’il recherche. Naturellement, Google favorise les sites qui amènent les internautes au bon endroit du site par rapport à leur requête initiale. Sylvain, tu confirmes ?
C’est pourquoi une analyse sémantique fine, permettant de cerner les différents besoins des internautes, me paraît absolument essentielle. Elle structure l’arborescence du site Internet en fonction de leurs besoins exprimés en mots-clés et permet de concevoir des pages ergonomiques, bien écrites et très efficaces en SEO.
Vous pouvez retrouver Ève Demange sur Twitter, ou mieux sur son site dédié à la rédaction web.
ps : il reste quelques places pour une formation à la stratégie de contenu animée par Ève.
Merci pour ton invitation Sylvain 🙂
Merci pour cet article super intéressant ! De mon côté, pour alimenter régulièrement mon blog, je me repose beaucoup sur les infographies. Je trouve que ce sont de bons supports pour rédiger un article et surtout pour faire passer un message plus rapidement (support visuel).
@ Ève
À ta question en fin d'article, Ève, je réponds un grand oui.
La logique que tu proposes permet effectivement d'avoir au travers de ses contenus une réponse parfaitement adaptée à la requête de l'internaute. On est en plein dans la notion de pertinence que j'évoquais ici : https://blog.axe-net.fr/outils-google-search-quality-rater/
On oublie d'ailleurs parfois qu'une attente peut être déclinée sous différentes formes et que plusieurs pages différentes pourront satisfaire chacune d'entre elles.
Et plus globalement, merci pour cette intervention de ta part. Tu détailles parfaitement ce que j'abordais dans mon article. J'invitais à réfléchir, toi tu donnes des clés applicables directement. Bravo !
Sans avoir l'impression de passer de la pommade, j'apprécie souvent (toujours ?) les interventions d'Eve !
Cette fois ce qui m'a interloqué c'est que je m'étais fait la même réflexion à propos des articles de Humans of New York (d'ailleurs ça existe aussi Humans of Lille 😉 ).
Alors voilà, selon le type de public on peut encore écrire de longs articles ... et tant mieux ! 🙂
@ Véronique > oui, les infographies présentent le double avantage : concrètes et claires pour l'internaute et très efficaces pour le SEO. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, elles nécessitent un travail d'organisation de l'information important.
@Sylvain > merci, l'union fait la force 🙂
@E-komerco > oui, moi aussi je suis contente de savoir que les internautes lisent encore de longs articles. C'est la preuve qu'à l'époque d'Internet où tout va si vite, on prend le temps de s'informer, de réfléchir, de s'évader par la lecture, d'échanger, de se passionner, de débattre en profondeur.
Très chouette cet article.
On peut discuter sur certains éléments, mais Eve a le mérite d'avoir tranché.
Par contre, pour la vidéo je ne pense pas que ça soit identique. L'effet cognitif n'est pas du tout le même.
La manière de percevoir une vidéo est totalement différente d'un texte.
@ Laurent
N'est-ce pas pour cela qu'Eve dit que pour la vidéo, ce sont les mêmes "règles" que celles appliquées aux photos ?
Je viens de découvrir votre blog, que je trouve super !
C'est une mine d'or pour un débutant comme moi qui commence dans le blogging.