Suite à certaines lectures récentes et passionnantes, je voudrais revenir sur le sujet du contenu des pages web et de l'utilité de leur pertinence pour être visible dans Google.
Je vais toutefois tenter d'aller plus loin que les sempiternels conseils de base (qui restent très utiles). On va donc s'orienter vers des notions de champ sémantique, de champ lexical et d'intention de l'internaute. Mais rassurez-vous, je vais vulgariser et mets cet article dans la catégorie « débutant » !
Parlons contenus, parlons mots
Je vais imaginer que les basiques du référencement sont acquis en vous remémorant que : Google détermine essentiellement la pertinence d'une page par rapport à la recherche de l'internaute en fonction du vocabulaire que la page contient.
En clair, si votre site n'en parle nulle part, il ne sera jamais affiché pour la requête « poisson rouge » (surtout si vous vendez des tractopelles). Pourquoi ? Parce que cette expression ne sera présente nulle part sur votre site, pas plus que le champ lexical de cette thématique.
OK, jusque-là c'est super simple non ? On continue.
Les expressions et mots-clés sont utiles...mais pas suffisants
Avant de rédiger une page, vous avez écumé les pages de la concurrence, vous avez testé sur Google des tas de formulations différentes de la problématique que vous voulez traiter, vous avez regardé quelle concurrence il y avait sur votre sujet.
Non, vous n'avez pas fait ça ?
Hum, à votre place, je commencerais quand même par là, vous verrez, vous allez glaner des idées de rédaction, du vocabulaire, vous rendre compte que beaucoup de gens ne formulent pas comme vous.
En pratiquant de la sorte, vous allez allonger la liste des expressions-clés à intégrer dans votre page. Vous allez éviter les répétitions avec des reformulations, des synonymes. Bref rien qu'à ce stade, c'est sans doute déjà mieux que ce que vous faisiez avant.
Au-delà des expressions-clés
Si la recherche des expressions-clés (ou mots-clés) reste à mon avis indispensable, il faut bien reconnaître que vous ne pourrez jamais imaginer tout ce que les internautes peuvent taper dans un moteur de recherche. Même sur un sujet spécifique, ne vous leurrez pas. D'ailleurs, Google nous dit lui même que 15% des recherches quotidiennes n'ont jamais été tapées auparavant.
Il est donc très important d'aborder le contenu de votre page en tentant d'approfondir son champ lexical. Le site 1.fr (testé ici) vous permet par exemple d'aller chercher des cooccurrences à intégrer à votre page. Christian Méline pousse le bouchon avec les méta-mots (voici typiquement un article moins simple mais captivant).
En explorant la famille d'un mot, en fouillant le sens des mots pour leur trouver un antonyme, en jouant sur les figures de style, vous élargirez le registre de votre vocabulaire et améliorerez vos chances d'avoir un texte perçu comme pertinent dans sa thématique.
Rappel définitions pour la suite :
- Le champ lexical : c'est l'ensemble des mots d'un texte qui se rapportent à un même thème. Des synonymes ou des mots de la même famille, des contraires, des mots ayant un étroit rapport avec une notion.
ex : champ lexical de la peur : frayeur, épouvante, terrifier, effroi, crainte, phobie, effaroucher, angoisse... - Le champ sémantique : la sémantique s'attache au sens des mots. Lorsqu'un mot peut avoir différents sens il est "polysémique". Son champ sémantique c'est la totalité des sens qu'il peut avoir.
ex : champs sémantiques du mot opération : processus (méthode), intervention chirurgicale, opération mathématique, déroulement...
Une petite explication théorique et pratique simple ?
Prenons le mot « filet ».
Ce mot peut être associé à de nombreuses thématiques n'ayant rien de commun (le tennis, la pêche, la cuisine, etc.)
Malgré cela, il participera activement à renforcer le champ lexical de votre page sur l'une d'entre elles, car il sera associé à d'autres mots gravitant autour de la thématique spécifique concernée :
[balle, raquette, Nadal] ou [mer, poisson, chalutier] ou [recette, porc, cuisson].
Regardez concrètement comment Google associe un mot à un champ lexical même si on ne lui demande pas - Recherche google : préparation cocotte mignon cuisson (cliquez pour voir le résultat de recherche réel).
Et hop, me voici avec une page complète de réponses dont les titres contiennent le mot « filet » alors qu'il n'est pas dans ma requête !
Google a compris mon intention...
Et vous, vous comprenez sans doute mieux comment vous pouvez améliorer la pertinence de vos pages aux yeux de Google en utilisant les bons champs lexicaux ! Pas besoin d'être Baudelaire pour ça.
Attention quand même à ne pas partir en sucette avec trop de mots qui appartiendraient à des champs lexicaux différents. Vous risquez un effet contraire non désiré. Idem pour la métaphore.
De la requête à l'intention
La grande obsession de Google Search, c'est de proposer des résultats les plus pertinents possible par rapport à la requête d'un utilisateur. Sinon, ce dernier ne va pas être content et va partir utiliser Qwant 🙂 qui est plutôt pas mal d'ailleurs, allez voir.
Google est donc obnubilé par l'intention de l'utilisateur, et c'est là qu'il ne faut pas se planter.
En amont, posez-vous quand même réellement la question de la pertinence de votre contenu ?
Pourquoi Google irait-il positionner votre page sur la « culture du concombre » si vos concurrents ont fait 10 fois mieux ?
Ensuite, continuons dans les exemples précis, imaginez que l'internaute tape « vendre bijoux ». Il veut quoi ? Vendre les bijoux de sa grand-mère aux enchères, ouvrir un e-commerce, revendre ses cadeaux de Noël, vendre au poids de l'or, distribuer sa petite production artisanale, etc. On n'en sait rien ! Google non plus !
Si vous visez ce genre de requête et toutes celles qui peuvent y être associées (et c'est vaste), vous comprenez mieux l'utilité d'utiliser le bon champ lexical pour convaincre Google que votre page traite correctement le sujet en profondeur alors que l'intention n'est pas très claire.
A contrario, pour la requête « pression des pneus Harley-Davidson Slim », vous n'aurez pas besoin de faire le même travail, Google sait précisément ce que veut faire l'internaute (Gonfler les pneus de sa Harley du modèle Slim). Quelques lignes suffiront donc pour vous positionner tant que vous donnez la réponse précise. Un bon titre par la dessus, et ça roule. Et ça ira mieux si c'est dans un site qui parle déjà de pneus ou de Harley...
En conclusion
J'espère avoir vulgarisé certaines notions de référencement indispensables.
Bien sûr, le passage à la pratique vous demandera sans doute quelques efforts, mais quand on a déjà au moins compris le principe c'est plus facile.
Vous voulez vous attaquer à des exemples plus concrets ou mettre en pratique ? Et bien je vous conseille ces trois lectures :
- Le bon vocabulaire pour être pertinent et se positionner (étude de cas pratique)
- On peut rédiger sur TOUS les sujets ( ne cherchez pas d'excuses)
- Réflexions sur la cohérence sémantique
Vous voulez revoir quelques bases en amont :
- 7 points clés pour écrire sur le web
- Quel type de contenu pour quelle information ?
- Google writing : quelques règles
Alors ? Est-ce que cet article aura éclairci à vos yeux ces notions barbares de champs lexicaux et sémantiques ? Prêts pour la mise en pratique ?
Bonjour,
À la lecture du titre, j'espérait enfin trouver un article qui aborde la question sous l'angle de la double sémantique besoin/solution.
Mais non 🙁
Est-ce que ça serait pertinent de reprendre cet article dans votre blog : http://www.pyrat.net/Rediger-pour-Internet-pour-etre-lu-et-trouve.html ?
@ Jacques
Désolé, le titre résume juste le contenu de l'article 🙂
Soit : comment l'utilisation d'un champ lexical optimal va permettre à Google de l'associer à une intention de l'internaute qui n'est pas forcément très compréhensible.
Sinon, je n'ai pas compris ton intervention.
Répondre aux attentes de ses cibles, régler leur problèmes est le niveau le plus basique. Sinon une page web ne sert à rien.
J'explique que cela ne suffit pas.
Tu dis dans ton article "l’internaute est en recherche d’une solution dont il ne connait pas a priori le vocabulaire".
Cet article montre justement comment être trouvé sans connaitre le vocabulaire que l'internaute utilisera dans sa recherche.
Pourrais-tu être plus précis dans ta question ? Puisque avec les commentaires le dialogue est possible.
En complément, je pense que tu décris le SEO avec une vision black hat que je n'ai pas : Je te cite :
"Search Engine Optimisation : optimisation pour les moteurs de recherche. Autrement dit, tricher avec les moteurs pour essayer de passer devant les autres."
Il y a bien longtemps que j'ai plutôt l'approche d'aider la machine à comprendre plutôt que d'essayer de tricher...
Bref, je suis très partant pour en discuter avec toi car j'ai la sensation que nous ne comprenons pas du tout.
Merci pour la citation Sylvain 🙂
Toutes ces notions autour des mots (et pas seulement autour de leur sens qu'ils ont pour nous, les humains) forment un sujet sur lequel il est très difficile de se comprendre.
Nous n’avons pas fini d’en parler pour arriver à nous comprendre...
Bravo pour la pédagogie. Pour une fois que je trouve ces notions accessibles. Merci.
@ François
Merci, c'est ce que j'essayais de faire avec cet article.
@ Christian
C'est surtout que toi et moi n'avons pas la même cible. Tes articles, et notamment celui que j'ai cité, sont passionnants. En revanche, tu t'adresses à des gens ayant déjà des connaissances plutôt costauds dans le domaine. Tu n'es clairement pas à la portée de tous, mais ce n'est pas ton but de toute façon.
Alors, pour ce qui est de partager la même vision, oui, à 100%. L'ensemble du blog axe-net que je suis depuis des années ne parle que de ça : on écrit pour des êtres humains, pas pour des moteurs. Et ça n'interdit cependant pas de comprendre comment ce que nous écrivons pour les humains va être "compris" par les moteurs.
Mon propos, c'était de faire remarquer que ton article ne parle que du vocabulaire de la solution, et pas du besoin/problème/problématique/question de l'internaute.
Mais une chose est sûre, ton article est parfaitement applicable aux 2 facettes possibles d'une recherche d'un internaute (solution ou problème).
Et pour prendre un exemple parlant :
- il pleut, comment occuper les enfants : c'est un problème
- visiter le gouffre de Padirac : c'est une solution
@ Jacques
Si tu prends mon exemple "vendre des bijoux". Regarde ensuite le 1er lien de mise en pratique en bas d'article ( étude de cas pratique), on est bien dans ta logique. Quel problème puis détails des solutions.
Attention quand même à un point. L'internaute pose souvent des questions à Google, et ce dernier affiche souvent des pages qui reprennent ces questions au lieu de donner directement des réponses (sauf avec le knowledgegraph). A mon avis, il est donc souvent plus judicieux d'optimiser une page sur les questions potentielles. Là encore, le travail sur le champ lexical est important car les questions peuvent être formulées de multiples manières.
Hello Sylvain 😉
Merci pour cet article bien clair et accessible. Il y a juste un détail sur lequel j'ai une réserve, c'est ton exemple avec le filet mignon : Ok à 200% pour dire que Google est très penché sur l'intention de recherche, mais ton exemple ne le démontre pas explicitement. Avec ta requête "préparation cocotte mignon cuisson", la probabilité pour que le mot "filet" se retrouve dans les résultats est extrêmement forte, sans même prendre en compte la volonté du moteur de faire du prédictif.
Tiens, si je te dis que Lycos cherche à capter l'intention de recherche de l'internaute, cela fera peut-être sourire quelques SEO, mais pourtant, si on lance la même requête sur ledit moteur, le constat est exactement le même. Yahoo, Bing etc, IDEM.
@ Aurelien
Du prédictif sans doute pas (a moins d'être connecté avec les résultats personnalisés issus des précédentes recherches). J'avoue que l'exemple est surtout là pour montrer qu'un thème peut tout à fait être compris par Google sans qu'un mot majeur ne soit dans la requête.
Voici un autre exemple plus poussé
Bonjour,
Pour ta (bien étrange) requête "préparation cocotte mignon cuisson", je ne vois pas pourquoi tu t'extasie devant la répétition de l’apparition du mot "filet" ? Je ne vois pas trop en quoi ça montre que Google a "compris ton intention".
Tu parles de "cocotte" et de "mignon" et de "cuisson" mais tu pourrais aussi simplement parler de "mignon de porc" https://www.google.fr/#q=mignon+de+porc ça ne changerait rien : ça s'appelle un Filet mignon donc forcément ce mot est dans les title... Et en plus il n'est pas en gras.
Non ?
@ François-Olivier
Bonjour
Je te rassure, il m'en faut plus pour atteindre l'extase 🙂
Prenons un exemple : Je suis au téléphone avec ma grand mère pour lui demander quel était le plat qu'elle nous a fait dimanche dernier. Je suis sous un tunnel et je ne comprends que les mots "préparation cocotte mignon cuisson".
Je tape ça dans Google, et lui me dit exactement comment s'appelle ce que j'ai mangé.
Ça aurait aussi marché avec les mots que tu cites (Nous n'étions pas dans le même tunnel) 🙂
Le mot n'est pas en gras dans les snipets, forcément, il n'est pas dans ma requête.
Globalement, le but n'est que de montrer à des débutants ce qu'est un champ lexical.
Mais tu n'as pas tord pour ce qui est de la facilité de mon exemple, regardes celui que j'ai donné en commentaire à Aurélien, il n'est pas de moi mais probablement plus explicite.
Article très intéressant, qui va en effet un peu plus en profondeur par rapport aux articles types: "comment bien écrire pour le web". Et c'est d'ailleurs lorsqu'on détaille le processus qu'on se rend compte qu'écrire pour le web ne se fait pas en claquant des doigts. Car en plus d'étudier les champs sémantiques et lexicaux des mots, je pense qu'il est nécessaire d'y associer le principe de longue traîne.
La recette gagnante peut être de mélanger longue traîne pour les balises et exploitation des champs lexicaux et sémantiques dans le corps du texte?
Merci Sylvain pour ce papier intéressant et pertinent.
C'est une magnifique explication (ou ajout) au concept de la long tail.
Je ferai lire votre post à mes clients pour qui je crée des boutiques en ligne.
Bonjour,
Merci pour cet article qui rappel les bases d'un bon point de départ sur l'analyse du champ lexical. J'ajouterai juste une chose sur l'importance de toujours faire le lien avec le métier. J'ai vu assez d'agence s'arrêter à la première étape et ne pas assez discuter avec le client pour comprendre son métier et donc son champ lexical professionnel spécifique.
Je sais que ce n'est pas le propos de l'article, mais comme tu es beaucoup lu ça permet de faire passer une piqure de rappel facilement ;-).
Régis - -www.blackchili.fr